Actualité de l'AFP
Il y a 40 ans mourait Bernard Cabanes, rédacteur en chef de l'AFP, victime d'un attentat
Le 14 juin 1975, mourait Bernard Cabanes, rédacteur en chef de l AFP, victime d'un attentat à la bombe à son domicile, dont les auteurs n'ont jamais été identifiés.
L'enquête devait immédiatement faire un rapprochement entre cet attentat et celui commis quelques instants plus tard, mais sans faire de victime, au domicile d'André Bergeron, Secrétaire général de Force Ouvrière. Les policiers devaient rapidement obtenir la conviction que les deux attentats étaient liés à l'évolution du violent conflit autour du Parisien Libéré pour le contrôle de l'imprimerie. Ils étaient également convaincus que Bernard Cabanes avait en fait été victime d'une homonymie avec le rédacteur en chef du Parisien, Bernard-Pierre Cabanes. Mais jamais la moindre trace des auteurs de l'attentat n'a pu être retrouvée.
La nouvelle de la mort de Bernard Cabanes, à 42 ans, tombée sur les télescripteurs de l'AFP après de longues heures d'angoisse, laissait atterrés tous ceux qui l'avaient connu et avaient apprecié sa gentillesse et sa compétence. En signe de deuil, au moment des obsèques, l'AFP arrêtait ses télétypes et son activité pendant 15 minutes dans le monde entier. Réunis dans la grande salle de la rédaction de la Place de la Bourse, les rédacteurs observaient à la même heure un quart d'heure de silence.
De tous les milieux, des partis politiques comme des organisations syndicales, de la presse nationale et internationale, émanaient bientôt d'innombrables télégrammes de condoléances et témoignages de sympathie. M. Valery Giscard d'Estaing, Président de la République, exprimait "son horreur et son indignation". Le premier ministre Jacques Chirac assurait "qu'aucun effort ne serait épargné pour retrouver les auteurs de l'attentat et les châtier de façon exemplaire".
Issu d'une vieille famille languedocienne, Bernard Joseph Cabanes était né le 27 août 1933 à Clermont-L'Herault. Bachelier en philosophie, il avait préparé une licence de droit avant de faire son service militaire en Algérie.
C'est là qu'était née sa vocation journalistique. Après un temps passé au service de presse de l'état-major du Constantinois, il avait collaboré au quotidien du soir "Dernière Heure" jusqu'au putsch d'avril 1961. Après la suppression du journal, il était entré à l'AFP au bureau d’Alger et avait couvert notamment la fusillade de la rue d'Isly. En 1967, il était nommé correspondant de l'AFP à Hanoï alors que les raids américains s'intensifiaient. Il y restera jusqu'en 1968.
A partir de 1970, rentré à Paris, il s'impose à la rédaction en chef, et le pdg de l'agence, Jean Marin, voit même en lui un successeur possible.
En juin 1975, Bernard Cabanes venait d'être nommé Directeur du Bureau de Rome. C'est parce qu'il était plongé dans ses livres d'italien que dans la nuit, il a pu entendre un bruit sur le palier de son appartement et s'était approché de la porte, essuyant de plein fouet la déflagration de la charge d'explosif déposée à la porte de son appartement de Garches (Hauts-de-Seine).