Extrait du discours d'Emmanuel Hoog à la conférence de l'EANA.
Extrait du discours d’Emmanuel Hoog, Président Directeur-Général de l’AFP, prononcé lors de la Conférence annuelle de l’EANA, alliance européenne d’agences de presse (European Alliance of News Agencies).
INTRODUCTION
L’AFP en quelques chiffres :
- L’une des 3 agences mondiales de presse
- Première marque mondiale de communication en France
- 2.260 collaborateurs permanents dans 200 bureaux
- 6 langues de production + des accords avec des partenaires pour fournir dans de nombreuses autres langues (chinois, russe, etc.)
- 3 000 photos par jour en moyenne
- une centaine d’infographies fixes ou animées par jour
- 150 vidéos
- 280 M€ de chiffre d’affaires / 3.500 clients
Il faut lever une confusion :
Internet est un espace stratégique pour les agences de presse, mais aujourd’hui la question est celle de la présence pour la valorisation de la marque et du savoir-faire, pas celle des revenus.
Si l’objectif principal devient de chercher des revenus, alors le risque est de heurter de front nos clients, pour des résultats par ailleurs aléatoires.
La question des revenus doit donc, s’agissant d’Internet, rester subsidiaire.
1.Internet pose aux agences de presse 3 défis nouveaux, qui les mettent sous pression : la vitesse, la masse et l’image
La vitesse:
le monopole de la vitesse a longtemps appartenu aux agences de presse (cf. devis de Charles Havas : « vite et bien ») avec des clients vivant dans un temps « différé » par rapport au breaking news, qui était le temps de l’imprimerie et du bouclage des journaux ; ce n’est plus le cas aujourd’hui, concurrence : radio/TV/Journaux, surtout accélération par l’effet réseau permis sur Internet : réseaux sociaux, citoyens journalistes.
Entre le temps de l’événement et le temps de sa médiatisation, jamais l’espace n’a été aussi réduit.
La masse:
- La multiplication des acteurs professionnels grâce au digital :
presse/radio/TV généralistes mais aussi chaîne d’information en continue sur la TNT, applis sur les mobiles et les iPad.
- L’arrivée des acteurs privés ou citoyens : les réseaux sociaux
- Bruit, difficulté d’isoler l’info de la rumeur
- Redondance
- Risque d’information overload des clients finaux
L’Image :
la porte d’entrée de l’info était le texte
Puis la voix
Puis l’image fixe et l’image animée
Aujourd’hui, l’info, c’est d’abord de l’image. Et ceux qui veulent créer de l’événement veulent créer d’abord des images.
- A ces trois dangers, un autre s’est rajouté, lui aussi lié à Internet : c’est celui de la crise du modèle économique de la presse, clients principaux des agences.
2.Les agences doivent s’adapter à la nouvelle donne. Elles y arriveront, à 3 conditions + 1.
Avant de les évoquer, je voudrais rappeler des fondamentaux de l’AFP :
- 1 réseau avant le réseau
- 1 mondialisation avant la mondialisation
- Le travail en flux/en fil très adapté à la consommation d’info actuelle
Face à la vitesse : le recul. La vitesse est un métier. Nouvel arbitrage : Fiabilité/Vitesse.
Le premier prend le pas sur les autres : il faut accepter d’être « doublé » par des sources alternatives mais rester la référence en termes de fiabilité/vérification.
Face à la masse :
1/. La hiérarchie/et la profondeur
Breaknews/Fait/Commentaire :
Un espace intermédiaire.
Il faut aider le lecteur à comprendre ce qui se passe, au-delà des faits bruts eux-mêmes.
2 La présence sur les réseaux sociaux d’une marque professionnelle / marque citoyenne : l’AFP a plusieurs comptes Twitter et des pages Facebook + les plateformes de blogs qui donnent de la profondeur et des clés de compréhension.
Face à l’Image :
le multimédia
1/Appliquer les mêmes méthodes à l’Image que celles qui ont fait notre réputation sur le texte :
- Fiabilité : Ben Laden
- Rapidité : Mort de Khadafi
2/Le couplage : Photo/Texte/Vidéo
L’image n’est plus seulement un support et une illustration.
C’est une narration, qui fonctionne comme un couple avec le texte : Rich Media.
D’où l’enjeu de notre projet Iris de système rédactionnel multimédia qui permettra à terme de produire « nativement » du Rich Média dans tous les services de production de l’AFP.
3/Dernière condition : nouer une nouvelle relation avec nos clients, plus partenariale et coopérative, face aux défis d’Internet => offre commerciale en marque blanche pour des widgets, des applis iPhone ou iPad. + Réflexion de nouveaux services conçus avec eux.
CONCLUSION :
Pour l’AFP, l’internationalisation de la couverture se double d’une internationalisation croissante de son chiffre d’affaires (55/45). Notre portefeuille-client est en croissance permanente, mais cette croissance ne poursuivra qu’à la condition d’une adaptabilité toujours plus grande de notre offre et d’une production multilingue collant aux demandes régionales et locales.